Saisine CSA : productions de France Télévisions sur le viol, 5 décembre 12 / réponse, 25 mars 13

19 décembre 2012   //

Notre courrier

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le 5 décembre 2012

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Conseil supérieur de l’audiovisuel
Tour Mirabeau 39-43 quai André Citroen
75739 Paris cedex 15

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Objet : productions de France Télévisions :

« Viol, double peine ». France 5, 20 novembre 2012, suivi d’un débat
« Viol, elles se manifestent ». France 2, 25 novembre 2012
Plate-forme internet viol-les-voix-du-silence.francetv.fr

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Madame, Monsieur,

Notre association se permet d’attirer votre attention sur les productions précitées, consacrées ces dernières semaines par France Télévisions au problème du viol.

Si nous sommes bien évidemment favorables à ce qu’un tel crime soit largement dénoncé, nous sommes surpris qu’il ne l’envisage que sous la forme homme violeur / femme violée. En effet, les deux documentaires n’ont évoqué que les viols de femmes, de même que le « documentaire interactif » qui constitue l’essentiel de la plate-forme, même si celle-ci publie un témoignage d’homme.

Nous nous permettons de vous rappeler que les viols d’hommes sont en nombre important, comme l’indiquent les différentes enquêtes « Cadre de vie et sécurité » de l’ONDRP, qui les évaluent à 34 000 pour deux ans en moyenne (Rapport ONDRP 2012, p. 100). Cela aurait dû apparaître au minimum dans l’une ou l’autre des productions.

Il nous semble qu’il y a en l’occurrence un manquement évident aux règles d’honnêteté de l’information. Nous vous demandons donc d’intervenir auprès du groupe France Télévisions, pour l’inciter à proposer aux téléspectateurs une documentation complémentaire établissant la réalité du problème.

Dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos sentiments respectueux.

 

La réponse du CSA.

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Paris, le 25 mars 2013

.Monsieur le Président,

Vous avez saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel au sujet de deux documentaires. Le premier, intitulé « Viol, double peine », a été diffusé sur France 5 le 20 novembre 2012 dans l’émission Le Monde en face et suivi d’un débat. Le second, « Viol, elles se manifestent », a été diffusé sur France 2 le 25 novembre 2012 dans l’émission Infrarouge. Vous estimez que le sujet du viol aurait mérité d’être évoqué également du point de vue des victimes masculines afin de mieux rendre compte de la réalité complexe de ce crime.

Le Conseil comprend votre préoccupation et estime que le témoignage d’hommes ayant subi un tel crime doit également pouvoir trouver des modes d’expression dans les médias audiovisuels. Toutefois, dans ces deux programmes en particulier, il a certes constaté que les victimes prenant la parole étaient toutes des femmes, mais n’a relevé aucun propos tendant à présenter ces cas comme une généralité. Par conséquent, il a considéré que cette approche ne constituait pas un manquement de France Télévisions aux obligations d’honnêteté et de rigueur inscrites dans son cahier des charges.

Par ailleurs, le choix de France Télévisions d’aborder le viol sous l’angle de ses victimes féminines s’inscrit dans la mise en place d’une programmation spécifique à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre 2012, en application de l’article 43-11 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication qui demande notamment aux sociétés du secteur audiovisuel public de mettre en oeuvre des actions en faveur « de la lutte contre (…) les violences faites aux femmes ». La production du documentaire « Viol, double peine » a d’ailleurs été soutenue par le ministère des droits des femmes dont la ministre, Mme Najat Vallaud-Belkacem, était présente au cours du débat qui a suivi la diffusion.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma considération la meilleure.

Olivier Schrameck

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Notre commentaire

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Toutefois, dans ces deux programmes en particulier, il a certes constaté que les victimes prenant la parole étaient toutes des femmes, mais n’a relevé aucun propos tendant à présenter ces cas comme une généralité.

C’est le seul fait de ne donner la parole qu’à des femmes victimes qui crée la généralité. Nul besoin d’un « propos » pour la « présenter », puisqu’elle est déjà en place.

Par ailleurs, le choix de France Télévisions d’aborder le viol sous l’angle de ses victimes féminines s’inscrit dans la mise en place d’une programmation spécifique à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

(…)

La production du documentaire « Viol, double peine » a d’ailleurs été soutenue par le ministère des droits des femmes.

La référence à cette « Journée », de même que le soutien du dit ministère, n’autorisent en rien à occulter l’existence de victimes masculines de viol dans un documentaire télévisé, ce qui revient à de la désinformation.

 

 

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