Saisine CSA : film + débat sur la violence conjugale, France 2, 7 février 14 / réponse, 7 mai 14 / demande de précisions + réponse

11 février 2014   //

 

Notre saisine

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Bron, le 7 février 2014

Conseil supérieur de l’audiovisuel
Tour Mirabeau 39-43 quai André Citroen
75739 Paris cedex 15

Objet : « C’est pas de l’amour »
et « Sortir de l’enfer de la violence conjugale »
le mercredi 5 février 2014 sur France 2

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Madame, Monsieur

Nous nous permettons d’attirer votre attention sur la soirée proposée par France 2 sur le thème de la violence conjugale en général, comportant un film suivi d’un débat.

Nous avons apprécié le film qui mettait en scène une victime féminine. Nous nous attendions d’autant plus à ce qu’il soit question des victimes masculines dans le débat, mais cela n’a pas été le cas. Les deux victimes invitées étaient des femmes. Les sept intervenants se sont exprimés de la même façon, en parlant des victimes comme « les femmes » ou « les femmes victimes », et des auteurs de violence comme « le monsieur », « les maris » ou « les hommes ». Aucun d’eux n’a fait la moindre allusion à l’existence de victimes masculines. Bien que la soirée soit présentée comme traitant du thème d’un point de vue général, les deux parties l’ont traité d’une manière partielle et unilatérale, se fondant sur un parti-pris sexiste postulant que la violence conjugale serait le fait d’un seul sexe, et qu’elle serait subie exclusivement par l’autre sexe.

Nous vous avons signalé par un récent courrier le même procédé utilisé sur France 3 le 13 janvier dernier dans un documentaire sur le même sujet. Il semble donc s’agir d’une règle et non d’une exception.

Une fois de plus, nous nous permettons de vous rappeler que l’Observatoire national de la délinquance évalue, dans son Rapport 2012, le nombre d’hommes victimes de violence conjugale en 2010-11 à 137 000 (tableau 36A, p. 97 http://www.inhesj.fr/fr/ondrp/les-publications/rapports-annuels/8).

Concernant les mineurs, ce parti-pris peut avoir un effet désastreux, en leur présentant une image faussée et antagoniste de leur environnement familial : les mères correspondant au “ bon” parent, les pères au “mauvais” parent.

Il nous semble qu’il y a en l’occurrence un manquement évident aux règles d’honnêteté de l’information d’une part, à celles concernant la protection des mineurs d’autre part. Nous vous demandons donc d’intervenir auprès de France 2, ce d’autant plus que le sujet est appelé à être traité à nouveau et souvent à l’avenir.

Dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos sentiments respectueux.

 

La réponse du CSA

 Cette réponse vaut aussi pour la saisine du 16 janvier 2014. Voir ICI.


Paris, le 7 mai 2014

 

Monsieur le président,

Vous avez saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel au sujet du documentaire intitulé Violences conjugales, parler pour renaître, diffusé sur France 3 le 13 janvier 2014 et du débat intitulé Sortir de l’enfer de la violence conjugale, diffusé sur France 2 le 5 février 2014 à la suite du film C’est pas de l’amour. Vous critiquez le fait que ces deux programmes n’abordent le sujet des violences conjugales que sous l’angle des violences faites aux femmes,. Vous estimez en effet qu’il aurait dû être rappelé, au cours de ces programmes, que les hommes peuvent également être victimes de telles violences.

Le Conseil a examiné votre saisine lors de sa réunion du 23 avril 2014. Il a effectivement été constaté que la violence faite aux hommes, même si elle demeure minoritaire dans les cas de violence conjugale, n’avait pas été évoquée dans cette émission.

Il a décidé d’en faire l’observation à France Télévisions compte tenu de l’intitulé et de l’objet très général de ces émissions. Je vous prie de croire, Monsieur le président, à l’assurance de ma considération la meilleure.

Olivier Schrameck

 

Notre demande de précisions

Ne voyant pas apparaître « l’observation » annoncée sur le site du CSA, nous lui avons demandé par courrier du 10 février 2015 de nous indiquer le moyen d’en prendre connaissance. Par courrier du 20 mars 2015, le CSA nous a envoyé copie du courrier qu’il a adressé à France Télévisions le 7 mai 2014.

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CSA, le président

Monsieur Rémy Pfimlin

Président de France télévisions

Monsieur le président,

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a été saisi par le groupe d’études sur les sexismes d’une plainte relative au documentaire intitulé Violences conjugales, parler pour renaître, diffusé sur France 3 le 13 janvier 2014 et du débat intitulé Sortir de l’enfer de la violence conjugale, diffusé sur France 2 le 5 février 2014 à la suite du film C’est pas de l’amour. Le plaignant déplore que ces deux programmes abordent le sujet des violences conjugales exclusivement sous l’angle des violences faites aux femmes.

Après avoir procédé au visionnage de ces programmes le 23 avril 2014, le Conseil n’a pas relevé de manquement  de France télévisions à ses obligations déontologiques. Il a toutefois constaté que le thème de la violence faite aux hommes, même si elle demeure minoritaire dans le cas de la violence conjugale, n’avait pas été évoquée dans les émissions en cause.

Il a souhaité vous en faire l’observation compte tenu de l’intitulé et de l’objet très général de ces émissions.

Olivier Schrameck

 

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