Saisine CSA : documentaire « Intimes violences », France 2, 10 mars 14
18 mars 2014 //
Bron, le 10 mars 2014
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Conseil supérieur de l’audiovisuel
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Objet : « Intimes violences »,
le mardi 4 mars 2014 sur France 2
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Madame, Monsieur
Nous nous permettons d’attirer votre attention sur le documentaire de Stéphane Mercurio, « Intimes violences », diffusé par France 2 le mardi 4 mars 2014 dans le cadre de l’émission Infrarouge.
Ce documentaire a attiré notre attention parce qu’il traite de la violence conjugale. Nous avons apprécié le procédé utilisé, qui consiste à ne montrer quasiment que des échanges entre, d’une part, des victimes ou des auteurs de violence, et d’autre part des personnels judiciaires ou soignants. Cependant nous avons été choqués de constater que ce procédé était mis au service d’une vision unilatérale de la violence conjugale, fondée sur le sexe : en effet, les auteurs de violence sont des hommes exclusivement, les victimes sont des femmes exclusivement. Les quelques témoignages d’enfants qui sont proposés confortent cette vision, puisqu’ils évoquent exclusivement des violences exercées par leur « papa » sur leur « maman ».
La récurrence du problème devient préoccupante : en effet nous vous avons déjà signalé récemment deux documentaires qui procèdent de la même vison sexuée, l’un sur France 3 le 13 janvier, l’autre sur France 2 le 5 février derniers.
Une fois de plus, nous nous permettons de vous rappeler que l’Observatoire national de la délinquance évalue, dans son Rapport 2012, le nombre d’hommes victimes de violence conjugale en 2010-11 à 137 000 (tableau 36A, p. 97 http://www.inhesj.fr/fr/ondrp/les-publications/rapports-annuels/8).
Concernant les mineurs, ce parti-pris peut avoir un effet désastreux, en leur présentant une image faussée et antagoniste de leur environnement familial : les mères correspondant au “ bon” parent, les pères au “mauvais” parent.
Il nous semble qu’il y a en l’occurrence un manquement évident aux règles d’honnêteté de l’information d’une part, à celles concernant la protection des mineurs d’autre part. Nous vous demandons donc d’intervenir auprès de France 2, ce d’autant plus que le sujet est appelé à être traité à nouveau et souvent à l’avenir.
Dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos sentiments respectueux.