Campagne pour la désexuation des places de parking. Puilboreau. Bessan (2016)

9 mai 2016   //

 

CETTE CAMPAGNE EST PERMANENTE. VOIR DANS LA MÊME RUBRIQUE LES COMPTE RENDUS POUR LES ANNEES SUIVANTES.

 

Campagne pour la désexuation

des places de parking. Puilboreau. Bessan (2016)

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En avril 2016, , M. Jean-Luc Guichard, résidant à La Rochelle, a informé le GES de l’existence, dans le parking du magasin Leroy Merlin de Puilboreau (17), de deux places réservées aux Femmes avec enfants, et donc discriminatoires en fonction du sexe. Il a fait réaliser un constat d’huissier, et protesté auprès de la mairie gestionnaire du parking, puis du Défenseur des droits.
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Ce type de discrimination est de peu de conséquence au point de vue matériel. Par contre il a une forte portée symbolique. Le GES a donc décidé de soutenir sa démarche, et aussi d’inciter les usagers à protester dans tous les lieux où elle est pratiquée. L’objectif est la désexuation de ces places , dans toute la France, par l’élargissement de leur critère d’attribution (par exemple aux “familles” ou “clients” avec enfants).
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Nous invitons donc toutes les personnes qui, dans leur secteur, sont confrontées à ce type de discrimination :
* à protester par courrier auprès du service gestionnaire, et, en cas de non-réponse ou de réponse négative, auprès du Défenseur des droits (le constat d’huissier n’est pas indispensable; par contre, les photos sont souhaitables)
* à nous communiquer ces courriers et à nous donner l’autorisation de les reproduire;
* si besoin est, à demander notre soutien.
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année 2016
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1. Parking Leroy-Merlin de Puilboreau (17)

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26 février 2016 : courrier de Jean-Luc Guichard au maire de Puilboreau et au magasin Leroy Merlin, accompagné d’un constat d’huissier avec photo.
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Texte du constat (extraits) :
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Je, Patrick Pirs, Huissier de Justice associé soussigné, membre de la société « Cyril Castex, Patrick Pirs », titulaire d’un Office d’Huissier de Justice, à la résidence de la Rochelle, y domiciliée 21 rue Alphonse de Saintonge.
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Me suis transporté ces jours et heure, sur le parking public de la grande surface de bricolage, « Leroy Merlin » sis 1 rue de Belgique, Zone Industrielle de Beaulieu, à 17138 Puilboreau, où je procède aux constatations qui suivent: :
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Devant la façade du magasin « Leroy merlin » avec son entrée principale, se trouve un vaste parking.
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Deux places de parking situées non loin de cette entrée principale font l’objet d’un marquage au sol de couleur rouge sur lesquelles sont portés logos et inscriptions de couleur blanche.
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Sur chacun de ces emplacements est peint un premier logo représentant une femme enceinte de profil sous lequel son portées les inscriptions « Femmes enceintes ».
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Immédiatement sur la droite, est peint un logo représentant un landau au-dessus duquel sont portées les inscriptions « Femmes et enfants ».
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Ces deux places sont donc exclusivement réservées aux femmes enceintes et aux femmes accompagnées d’enfants.
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28 avril : courrier de Jean-Luc Guichard au Défenseur des droits (extraits)
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Objet : discrimination fondée sur le sexe et la situation de famille
(…)
Je me rends régulièrement au magasin Leroy Merlin de Puilboreau, souvent avec mes enfants.
Lorsque je m’y suis rendu, récemment, j’y ai constaté que son parking était complet à l’exception de deux places près de l’entrée vers lesquelles je me suis dirigé.
En arrivant devant ces deux places, j’ai constaté qu’elles portaient, peintes au sol, les mentions « Femmes et enfants », illustrées par un logo représentant un landau.
Je ne les ai pas pu utilisées, mais j’ai aussitôt fait appel à un  Huissier de Justice de La Rochelle, Me Patrick Pirs, pour en faire le constat.
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En l’occurrence, j’ai été et suis toujours, comme tous les pères qui utilisent ce parking, victime d’un traitement moins favorable que les mères.
Pourtant, les parents des deux sexes sont censés bénéficier légalement des mêmes droits et services.
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Je vous demande donc d’intervenir auprès de la municipalité de Puilboreau pour obtenir le remplacement des mentions « Femmes et enfants » par la mention « Parents et enfants ».
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2 mai : courrier du GES au maire de Puilboreau et au magasin Leroy Merlin (extraits)
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Notre association, qui est spécialisée dans la lutte contre et les sexismes et les discriminations fondées sur le sexe, s’associe à M. Guichard dans sa protestation. En effet, cette situation nous paraît doublement critiquable :
– objectivement, il s’agit d’une discrimination au détriment des pères. Ces derniers, en effet, dans les mêmes conditions que les mères, font des courses avec leurs enfants, et ont le droit à des places réservées ;
– subjectivement, elle participe à donner des pères une image minorée, suggérant qu’ils seraient dans le domaine éducatif des parents de moindre importance que les mères. Or, cette minoration est déjà très présente dans notre société. Elle est non seulement injuste, mais encore susceptible de perturber la relation père-enfant.
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Ceci dit, nous ne doutons pas qu’en l’occurrence, vous appliquez simplement les codes culturels en vigueur, peut-être sans en mesurer l’impact, et que vous n’êtes pas animé d’intentions malveillantes.
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Nous vous demandons donc de bien vouloir mettre en application la mesure demandée M. Guichard, à savoir le remplacement de la mention « Mères et enfants » par celles de « Famille avec enfants » ou «Client avec enfants », ce qui semble facile à réaliser.
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9 mai : réponse du maire de Puilboreau, qui se déclare incompétent, le parking étant la propriété du magasin Leroy Merlin. En l’absence de réponse de celui-ci à Jean-Luc Guichard, le Défenseur (en la personne de René Césari, délégué de Charente-Maritime) intervient directement.
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13 juin : réponse du Défenseur à Jean-Luc Guichard :
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Le directeur du magasin LEROY-MERLIN, M. Jean-Louis RICHER, vient de me faire savoir que c’est par erreur que la société de balisage a omis de peindre au sol, un homme à côté d’une femme, avec un enfant.
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M. RICHER s’engage à faire retirer le dessein d’une femme et d’un enfant pour y installer à la place de parking en cause, un panneau signalant une place « parent avec enfant », pour se mettre en règle avec la législation.
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Le panneau sera installé d’ici à la fin de l’été, une intervention plus rapide d’une entreprise  n’étant pas possible du fait des vacances prochaines.
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Considérant que ma médiation est terminée, je vous informe que votre dossier de réclamation est clôturé auprès du Défenseur des droits. Bien entendu, dans l’hypothèse où le directeur du magasin ne s’exécuterait pas, vous pourrez à nouveau me contacter.
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août : les marquages au sol sont effacés. A l’emplacement des deux places de parking concernées, des panneaux blancs sont installés, portant la mention Place Réservée Pour Parents Avec Enfants encadrée de bleu.
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2. Parking Intermarché, à Bessan (34550)

 

août 2016 : un sympathisant signale au GES l’existence sur ce parking d’une place équipée d’un panneau d’interdiction de stationner, accompagné de la mention « Sauf jeune maman », ce qui revient à la réserver aux mères accompagnées d’enfants en bas âge.

20 septembre : courrier du GES à l’Intermarché (extrait) :

Nous comprenons bien qu’en installant cette signalisation, vous n’avez été motivé(e) que par le souci de faciliter la tâche aux mères de famille qui font partie de votre clientèle. Cependant, nous sommes gênés par sa formulation, pour deux raisons :

– objectivement, il s’agit d’une discrimination au détriment des pères. Ces derniers, en effet, dans les mêmes conditions que les mères, font des courses avec leurs enfants, et devraient bénéficier des mêmes facilités ;

– subjectivement, elle participe à donner des pères une image minorée, suggérant qu’ils seraient dans le domaine éducatif des parents de moindre importance que les mères. Or, cette image est déjà très présente dans notre société, et il n’est pas souhaitable de la conforter.

Nous apprécierions donc vivement que vous procédiez à un changement de signalisation, en remplaçant par exemple la mention actuelle par la mention « Sauf jeunes parents », ou par tout autre moyen à votre convenance. Ce type de changement a déjà été effectué, à notre demande, par d’autres entreprises.

16 octobre : en l’absence de réponse le GES saisit le délégué régional du Défenseur des Droits, à Agde. Celui-ci contacte l’Intermarché, qui l’informe qu’il a déjà procédé au changement de signalisation.

22 novembre : l’Intermarché envoie au GES une confirmation écrite, accompagnée d’une photo :

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Le ministère des Familles refuse de labelliser la campagne, le DDD cautionne

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En septembre  2016, le Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes lance une campagne Sexisme pas notre genre, et propose de labelliser des « initiatives » antisexistes de tous ordres. Le GES candidate à cette labellisations pour sa « Campagne pour la désexuation des places de parking« .

En novembre, alors que le GES n’a pas reçu de réponse, une centaine d' »initiatives » sont déjà labellisées. Le 9, après l’envoi d’un rappel, le SDFE (Service des droits des femmes et de l’égalité) envoie un courrier de refus, non-motivé.

Le même jour, le GES écrit directement à la ministre Laurence Rossignol, qui ne lui répond pas. Puis, le 24, saisit le Défenseur des droits.

Le 8 mars 2017, 577 « initiatives » sont labellisées, qui concernent exclusivement la lutte contre le sexisme anti-femmes. Ces événements sont détaillés ici : https://www.g-e-s.fr/base-de-documentation/actions-menees-a-terme-2/courrier-a-laurence-rossignol-labellisation-de-la-campagne-pour-la-desexuation-des-places-de-parking-9-novembre-2016/

Le 27 septembre 2017, soit sept mois après la fin de la campagne (!), le Défenseur rejette la saisine dans une réponse non-motivée : https://www.g-e-s.fr/base-de-documentation/saisines/saisines-du-defenseur-des-droits/saisine-defenseur-plan-daction-sexisme-pas-notre-genre-du-ministere-des-familles-24-novembre-16/

 

 

 

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