Les hommes aussi sont victimes de sexisme. Institut pour l’Egalité (Belgique), 18 novembre 2013

1 décembre 2013   //

 

Créé en 2002, l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes succède à divers organismes de la fédération belge. C’est une institution publique, visant à promouvoir l’égalité des chances et à lutter contre les discriminations. Ses prérogatives sont très proches de celles du Défenseur des droits en France.

Cependant, autant qu’on puisse en juger par les textes, son esprit est très différent. Dans une large mesure, l’Institut semble vouloir se préserver de l’idéologie dominante, et refuser de considérer à priori les hommes comme des bourreaux et les femmes comme des victimes. C’est ainsi qu’il parle des violences conjugales comme de « violences entre partenaires » et non de « violences contre les femmes ».

Quoique ne partageant pas forcément tous les points de vue qu’il développe, nous reproduisons le communiqué ci-après parce qu’il est remarquable à plusieurs égards. Tout d’abord, il a été publié à l’occasion de la Journée internationale des hommes, une date qui en France est superbement ignorée par les institutions. D’autre part, par l’énumération de divers types de discriminations, il affirme l’existence d’un sexisme à l’encontre des hommes, lequel est complètement nié par ces mêmes institutions françaises.

Cet Institut nous donne donc un aperçu de ce que pourrait être chez nous un véritable Défenseur des droits, et nous incite à continuer d’agir encore pour obtenir la transformation de l’actuel Défenseur en une institution non-sexiste.

 

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COMMUNIQUE DE PRESSE

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Les Hommes, aussi, sont victimes de sexisme

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Bruxelles, 18/11/2013 – A l’ occasion de la Journée internationale des hommes, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes souhaite rappeler que les stéréotypes sexistes touchent aussi les hommes et que ces derniers leur sont également nuisibles.

«Même si les femmes sont plus fréquemment victimes de discriminations – généralement plus graves – fondées sur le sexe et subissent quotidiennement le sexisme qui les considère comme étant inférieures à un autre sexe, les hommes en sont également victimes» souligne Michel Pasteel, directeur de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.

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Discrimination dans les métiers dits « féminins »

Dans les métiers connotés comme étant « féminins », les hommes se voient régulièrement refuser un poste malgré des compétences et diplômes équivalents en raison de leur sexe. Ainsi en 2012, l’Institut a reçu 32 plaintes d’hommes dans le domaine du travail. Les exemples sont variés : un homme s’est vu refuser un poste de gérant dans une succursale de lingerie, un professeur s’est vu refuser de donner des cours particuliers à une fillette, une société de nettoyage ne souhaitait pas engager des hommes comme hommes de ménages, une boulangerie souhaitait uniquement recruter des vendeuses, un garçon n’a pu s’inscrire dans une école technique en section « esthétique », etc.

« Ces refus sont « justifiés » par le fait que des hommes n’ont pas leur place dans ces métiers car ils seraient à priori moins sensibles ou pas naturellement qualifiés dans la mode ou l’esthétisme, moins doués à exécuter des tâches ménagères que les femmes, etc., incapables en somme à exécuter des tâches dévolues habituellement aux femmes, compétentes de façon innée!, explique Michel Pasteel. Des refus qui reflètent aussi d’autres stéréotypes à l’encontre des hommes, comme : les hommes préféreraient être accueillis dans une entreprise par des hôtesses, jolies de surcroît, être « servis » par des secrétaires femmes, etc

 

Discrimination pour leur investissement dans la sphère familiale

En outre, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes a constaté que de plus en plus
d’hommes marquent le désir de s’investir davantage dans la sphère familiale, dont la répartition des tâches ménagères et l’éducation des enfants. « Il s’agit d’un enjeu sociétal capital, précise Michel Pasteel, et une condition indispensable pour permettre aux femmes de mieux concilier vies privée et professionnelle. » Or, des hommes désireux de prendre leur congé de paternité ou parental sont confrontés à des discriminations allant des brimades des collègues, à la menace de licenciement, en passant par le refus de promotion ou l’accumulation du travail. Dans son étude de 2011, «Congé de paternité en Belgique: l’expérience des travailleurs», l’Institut avait constaté que 10,8 % des répondants avaient rencontré des problèmes ou des inconvénients au travail lors de la demande ou de la prise de leur congé de paternité.

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Hommes et la violence

Les hommes sont généralement perçus comme étant auteurs de violence, or ils sont aussi victimes de violence et les femmes peuvent en être les auteures. « La Journée internationale des hommes est aussi l’occasion de sensibiliser au fait que même si les victimes masculines de violence sont moins nombreuses, seules 9,8% (contre 13,9% pour les femmes) osent déposer plainte(1), en raison du poids des stéréotypes dans notre société qui condamnent les hommes à être forts, dominants, et à souffrir en silence, explique Michel Pasteel. »

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(1) L’assistance professionnelle semble également plus accessible aux femmes, qui s’adressent plus souvent à un médecin, un psychologue ou un service d’aide (23,6%) que les hommes (6,8%) Données issues de l’étude «Les expériences des femmes et des hommes en matière de violence psychologique, physique et sexuelle », publiée par l’IEFH en 2010.

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http://igvm-iefh.belgium.be/fr/actualite/persbericht_ook_mannen_zijn_het_slachtoffer_van_seksisme.jsp ?referer=tcm:337-237136-64