Courrier au ministère du Travail, 20 avril 2009
18 juin 2025 //.
Bron, le 20 avril 2009
Monsieur le ministre du Travail, des relations sociales,
de la famille, de la solidarité et de la ville
127, rue de Grenelle
75007 PARIS 07 SP
objet : campagne contre les mariages forcés, Ministère du travail,
Secrétariat d’état à la solidarité
Monsieur le ministre,
Notre association a étudié sur votre site et avec attention les textes de présentation et de promotion de la nouvelle campagne contre les mariages forcés, initiée par votre ministère, et présentée par madame Valérie Létard, secrétaire d’état à la Solidarité, le 14 avril 2009.
Nous approuvons totalement cette campagne dans son principe de prévention et d’aide aux victimes actuelles ou potentielles. Malheureusement, dans ses modalités, elle nous semble relever d’une discrimination fondée sur le sexe, pour les raisons suivantes :
1. Elle est présentée comme une composante du deuxième plan triennal 2008-2010 de lutte contre les violences faites aux femmes lancé en novembre 2007 .
2. Dans son intervention la secrétaire d’état a présenté la campagne comme un service s’adressant exclusivement aux victimes de sexe féminin, avec des formules telles que : « je m’adresse à toutes les jeunes filles qui sont dans cette situation« , « la protection des mineures menacées« , « aux femmes aux prises avec ces difficultés« , etc.
3. La brochure « Combattre les mariages forcés » présente la campagne comme s’adressant exclusivement aux victimes de sexe féminin, avec des formules telles que :
p. 2 : « En raison du silence des jeunes filles… » et « 70 000 jeunes filles âgées de 10 à 18 ans sont menacées » – p. 3 : « Française ou étrangère, mineure ou majeure, quelles que soient vos origines, si vous résidez en France, ou si vous êtes retenue de force à l’étranger, vous êtes concernée. » – p. 5 : « Si vous êtes mineure ou âgée de moins de 21 ans » – p. 6 : »Comment être soutenue ? »et « Si vous êtes mineure« .
La liste d’associations proposée p.7 ne comporte que des associations féminines.
Or le processus des mariages forcés concerne par définition des victimes des deux sexes. En l’occurrence, il y a une différence de traitement entre personnes placés dans la même situation, le mariage forcé, actuel ou potentiel : les filles et les femmes sont explicitement désignées comme la catégorie sexuée qui bénéficie de l’accès au service que constitue la campagne, les garçons et les hommes ne sont pas désignés comme tel.
Nous protestons donc contre la tournure sexiste et discriminatoire à l’encontre des hommes qu’a prise la campagne, et vous demandons d’intervenir d’une manière ou d’une autre afin que les victimes masculines y soient prises en compte au même titre que les autres.
Dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer, monsieur le ministre, nos meilleurs sentiments.
Le président, René Delamaire