Sylvie Tenenbaum contre la misandrie

9 mai 2014   //

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Sylvie Tenenbaum, psychothérapeute, écrivaine, publie Les hommes naissent libres et égaux… et les femmes ? (Albin Michel, 2014). L’essentiel du livre est très conformiste. Cependant, dans une sous-partie intitulé Les échecs (il s’agit des échecs du féminisme), un texte de trois pages (145-7) intitulé Elle court, elle court la misandrie, tranche avec le reste. Ce texte est manifestement inspiré du travail des hoministes, puisque toutes les citations misandres, et dans le même ordre, sont reprises d’un passage du livre La cause des hommes (p. 40 ). Voilà une démonstration de l’importance du travail culturel et sur le long terme. On peut seulement regretter que l’auteure ne cite pas sa source, malgré l’élaboration d’une très longue biographie. Voici le texte:

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Elle court, elle court, la misandrie

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« A notre époque surviennent les orgies sanglantes perpétrées par les mâles […] alors qu’on n’a jamais vu une bande de femmes se livrer joyeusement au carnage, s’enivrer de sang, glisser dans le sang, éparpiller les intestins, piétiner les cervelles, bouffer à pleine mains la chair de leurs ennemis. »
Nancy Huston (1), romancière

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La misandrie, la haine des hommes, se porte plutôt bien. Les femmes d’aujourd’hui voudraient-elles se venger des millénaires de souffrance qu’elles-mêmes n’ont pas vécues ? Pour de nombreuses féministes qui n’ont rien compris au féminisme, les hommes sont l’ennemi à abattre. Ne disait-on pas la même chose des femmes ? Chacun son tour alors ? La misandrie serait la revanche des femmes. Alors elles utilisent les hommes : comme pourvoyeurs d’orgasmes d’enfants, d’argent aussi, de moments récréatifs, de soutien parfois. Robin Morgan, rédactrice de Ms Magazine, témoigne : « Je crois que haïr les hommes est honorable et politiquement correct, que les opprimés ont le droit d’haïr leurs oppresseurs. » Vit-elle en Afghanistan ? Peut-être, en son temps, avez-vous entendu parler de Valérie Solanas (1936-1988), une femme psychopathe qui réussit à faire parler d’elle grâce à son pamphlet plus que misandre, Scum (en anglais « ordure ») Manifesto. Elle fut soutenue par Robin Morgan et Ti Grace Arkinson, présidente de la section new-yorkaise de la NOW (National organisation of Women), qui l’a décrite comme « la championne la plus remarquable des droits des femmes », tandis qu’une autre membre la qualifiait de de « porte-parole la plus éminente du mouvement féministe ». Je vous cite un passage de son célèbre pamphlet, en précisant qu’aucune féministe digne de ce nom ne peut se retrouver en elle : « L’homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. La virilité est une déficience organique et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. » En France, la cinéaste Catherine Breillat ne se gêne pas pour affirmer que « la barbarie est masculine, ce sont les hommes qui l’ont inventée ».

Le problème, aujourd’hui, c’est que nombre de jeunes filles lisent une presse dont les propos très misandres installent en elles des idées fausses et stupides conditionnant des comportements qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. En voici quelques exemples : « Marre des mecs ? Prenez un chien ! », « Vous avez vu un chien fumer par ennui ? Il faut vraiment être maso et désœuvré comme un garçon pour fumer et foutre ses mégots partout », « 15 techniques pour retenir un mec malgré lui (quitte à le jeter après !) ». Même Okapi a titré un article « Garçons, tous machos ? Comment les repérer, comment les mater (2)». Le risque est de rendre ces jeunes lectrices malheureuses pour le restant de leur vie car elles ne sauront pas aborder sainement leur vie d’adultes.

N’est-il pas misandre d’utiliser les hommes comme des étalons ou des reproducteurs sans leur demander leur avis ? De leur intenter un faux procès pour inceste, lors des divorces, lorsque ce n’est pas le cas ? J’ai connu des hommes complètement détruits par de tels procédés. Les femmes qui osent dénigrer les pères, le plus souvent pour se venger, ou leur soutirer beaucoup d’argent (car il faut qu’ils paient, dans tous les sens du terme), réfléchissent-elles au mal qu’elles font à leurs enfants et à ces hommes qui restent marqués à vie ? Le féminisme, on ne le répétera jamais assez, ce n’est pas la guerre des sexes..

(1) Nancy Huston, « On ne naît pas homme », le Monde, 17 mai 2009
(2) Numéro du 11 janvier 2011